les taux vont poursuivre leur baisse, après la décision de la BCE
La Banque centrale européenne vient d’annoncer une nouvelle baisse de ses taux directeurs. Ils devraient continuer à diminuer en 2025, et inciter les banques à baisser encore le coût du crédit immobilier pour les ménages.
Et de quatre. La Banque centrale européenne (BCE) a baissé, pour la quatrième fois cette année, ses taux directeurs, ce 12 décembre. Cette diminution porte son taux de dépôt, celui qui fait référence, à 3%. L’annonce n’est pas une surprise. L’ensemble des analystes, interrogés par Reuters, et même le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’y attendaient, ce dernier ayant même imaginé un reflux plus important de 0,5 point.
La Banque centrale a notamment constaté que le rythme de l'inflation avait nettement diminué dans la zone euro. En novembre, elle s’est établie à 2,3% selon Eurostat, l’office de statistique de l’Union européenne. Bien qu’en augmentation de 0,3 point, cet indicateur est proche de 2%, seuil qui constitue l’objectif de la BCE. A son apogée, en octobre 2022, l’inflation culminait à 10,6%. Mais l’inflation sous-jacente - qui n'intègre pas les très volatils prix de l’énergie et de l’alimentation - est bloquée à 2,7%.
La BCE devrait donc continuer à diminuer son taux de dépôt, d’autant plus que la croissance européenne demeure faible. La Commission européenne table sur une croissance de 0,8% en zone euro en 2024. «La BCE essaie de provoquer une diminution générale des taux d'intérêt auxquels les entreprises et les ménages peuvent emprunter, explique Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of management. L'espoir est qu'en réaction, les entreprises et les ménages augmentent leurs dépenses financées par le crédit». Et par conséquent, dopent la croissance.
De nouvelles baisses en 2025
Entreprises et emprunteurs peuvent donc se réjouir, les banques seront de nouveau incitées à prêter plutôt qu’à placer leurs liquidités auprès de la BCE. Elles seront ainsi poussées à distribuer davantage de crédits immobiliers bon marché pour conquérir des clients. A l’inverse, entre 2022 et 2023, les banques avaient pratiquement quadruplé les taux pratiqués auprès des emprunteurs, le taux de dépôt de la BCE étant passé de - 0,5% à 4%.La plupart des établissements de crédit avaient anticipé cette baisse. Mais leur comportement futur sera donc fonction de celui de la BCE.
Au petit jeu des prédictions, les analystes anticipent une nouvelle salve de relâchement monétaire en 2025. «La baisse des taux d’intérêt vers la zone “neutre” (qui ne stimule ni ne freine la croissance économique), qui est estimée autour de 2 %, devrait se poursuivre dans les mois à venir», estime François Rimeu, stratégiste senior chez Crédit Mutuel Asset Management. «La BCE a pour objectif d’atteindre ce taux neutre d’ici la mi-2025», confirme Eric Dor.
Des taux à 3% à la rentrée 2025 ?
Les taux moyen des crédits immobiliers, de 3,37% en moyenne actuellement, devraient donc, dans ce sillage, retomber à 3,2% dans les prochains mois, avait estimé cet été Philippe Crevel, directeur du cercle de l’épargne. L’Observatoire Crédit Logement CSA table, lui, sur un atterrissage à 3,25% d’ici la fin de l’année, toutes durées confondues.«Les banques sont attentives aux annonces de la BCE et devraient donc poursuivre la baisse de leurs taux dans les prochains mois», prédit Eric Dor.
Histoire dei rassurer un peu plus les banques encore, la Banque centrale européenne pourrait commencer à changer sa méthode de communication. «Jusqu’à la crise énergétique inflationniste (de 2022), la BCE annonçait ce qu’elle allait décider à sa réunion suivante, rappelle Eric Dor. Elle a abandonné cette méthode depuis mais pourrait reprendre ce credo, comme l’a suggéré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Ce qui serait une bonne nouvelle pour le marché immobilier car cette visibilité inciterait les prêteurs (les banques, ndlr) à octroyer davantage de crédits.»
Source : Capital.fr